Partager la page
COP30 : les jeunes de Guyane s'investissent pour le climat
Publié le
Une enseignante d’histoire-géographie de Cayenne a lancé la Semaine des COP guyanaises, organisée en marge de la COP30 à Belém, au Brésil, à 1 000 km de là.
Après un premier test concluant en février 2025, Carmen Bailly, enseignante d'histoire-géographie à Cayenne, décide de diffuser le kit pédagogique de « simulation de COP » au-delà de sa classe de Seconde. D’abord dans son établissement, puis dans tout le territoire, en proposant la Semaine des COP guyanaises : une série de simulations dans plusieurs lycées et collèges de Guyane pour vivre une expérience immersive de la COP30.
Dans le cadre d’un partenariat entre l’agence AFD de Cayenne et le rectorat de Guyane, visant à sensibiliser les élèves au développement durable, Madame Bailly a découvert ce kit pédagogique conçu par l'équipe de la sensibilisation de l'AFD dans le cadre d'une collaboration avec l'Office for Climate Education. Il permet de simuler une négociation climatique et de mieux comprendre les enjeux des accords internationaux sur le climat et la biodiversité, tout en incitant à des actions concrètes.
Les élèves endossent le rôle de négociateurs pour le climat : « Les activités sortent du cadre scolaire habituel. On ne se contente plus de répondre à des questions sur un document. Il y a du travail en groupe et des réflexions concrètes », explique Mme Bailly.
Elle se souvient des élèves arrivés en chemise et cravate le jour de la simulation, de l’élève représentant du Vanuatu qui a prononcé son discours en bichelamar et en anglais, avec la voix tremblante et les larmes aux yeux. « C’était vraiment fort », confie l’enseignante, impressionnée par l'implication des jeunes.
Les enseignants de Guyane unis pour climat
Dix classes, soit plus de 250 élèves, participeront à de nouvelles simulations de négociation climatique au sein de leur établissement la semaine du 10 novembre. À Cayenne, Saint-Laurent du Maroni à Régina, Matiti ainsi qu’à Papaïchton, accessible uniquement par le fleuve Maroni.
« La force de ce kit, c’est d’être clé en main mais de rester complètement adaptable », souligne Mme Bailly. C’est précisément cette souplesse qui permet de l’utiliser dans des contextes très variés. Au collège Holder, par exemple, une enseignante l’a ajusté pour ses élèves de cinquième, petits lecteurs, et a entièrement réorganisé les activités pour tenir compte des contraintes liées à l’accès limité aux salles informatiques en Guyane. Dans les sections internationales brésilienne et européenne, d’autres enseignants ont prévu de traduire certaines parties du kit, ce qui permettra aux élèves de mener leurs négociations en portugais et en anglais.
Les enseignants qui ont sauté le pas sont unanimes : l’investissement pédagogique est pleinement récompensé : « ce dispositif répond aux objectifs que se fixent les professeurs : amener les élèves à réfléchir par eux-mêmes, à argumenter, à coopérer, à comprendre la complexité des enjeux géographiques et climatiques. » confie Madame Bailly.
Un passage de relais vers des jeunes engagés
Ces dernières semaines, les élèves ont préparé minutieusement leur simulation de COP : compréhension des enjeux climatiques, puis des sessions de familiarisation avec les mécanismes de négociation internationale, plus animées, qui ont permis de répartir les rôles et d’expérimenter la dynamique d’une COP.
Yaritza, élève de première, se remémore son expérience en février. Elle incarnait un membre de l'ONU, chargée de mener et de coordonner les négociations pour faire de la COP un succès. « On devait se mettre à la place des autres et faire des compromis pour pouvoir trouver un accord », se remémore-t-elle.
Yaritza fait partie des « Jeunes engagé·e·s pour le climat », repérée par l’UNICEF à la suite d’une vidéo publiée par l’AFD sur cette première simulation. Deux jeunes de ce groupe se rendront à la COP30, sujet principal de leurs dernières réunions : « C'est du travail collectif, notre but est de sensibiliser les autres jeunes, car l'avenir ne repose pas sur les adultes, c'est à nous de prendre le relais ». Cours d'éloquence et préparation de vlogs à retrouver sur leur page Instagram pendant la COP30… Yaritza sait aujourd’hui que sa voix peut porter.
Dans son lycée, elle prend déjà à cœur son rôle d’éco-déléguée et multiplie les initiatives : poubelles supplémentaires, plantation d’arbres fruitiers peu gourmands en eau, de fleurs pour soutenir l’écosystème.
Et pour la suite ?
« Cette année, c’est un peu l’édition zéro, précise Mme Bailly. Nous souhaitons impliquer les enseignants de toutes les disciplines. L’idée serait de réitérer l’an prochain dans un autre format, qui suivrait les différents événements internationaux liés au climat tout au long de l’année. »
Lire aussi
Simulation d’une négociation climatique - Kit pédagogique
Publié le 13 novembre 2023
Kit de simulation de négociation en faveur de la biodiversité
Publié le 7 janvier 2021
Une COP des lycéens pour débattre autour du climat dès le plus jeune âge
Publié le 14 novembre 2024